Commanderie templière et hospitalière d'Avalleur
premiers résultats de la fouille programmée (2021)
Engagée depuis 2019, année probatoire, la fouille programmée de la commanderie d’Avalleur a débuté par des sondages dans les caves du logis occidental afin de terminer l’étude de ce bâtiment dont nous avions pu suivre la restauration entre 2015 et 2017. Les résultats ont été publiés récemment : Marchaisseau (V.), Roms (C.), Testard (P.) — Le corps de logis de la commanderie templière et hospitalière d’Avalleur. In : Moulis (C.) dir. — Archéologie de la construction en Grand Est. Nancy : PUN Éditions Universitaires de Lorraine, 2021, p. 231‑257.
La fouille suit désormais un programme triennal, courant jusqu’en 2023 en raison de l’annulation de la campagne 2020 pour des raisons sanitaires.
Lors de l’été 2021, nous avons pu étudier une surface de 203 m² au sud de la chapelle (fig. 1 et 2). Des fondations de murs ont été découvertes dont certaines d’origine médiévale. En effet, au moins quatre maçonneries se rapportent à deux bâtiments distincts dont les récupérations/destructions ultérieures ne permettent pas de connaître le plan précis. La largeur de ces éléments, entre 0,85 et 0,95 m, indique la présence d’un étage.
Un cinquième mur, probablement renforcé par des contreforts si l’on se fie au plan cadastral de 1836, correspondrait au mur de clôture de la commanderie.
De surcroît, des niveaux de sol (?), quelques blocs se rapportant à une maçonnerie et une fosse ont été retrouvés dans l’angle sud-ouest de l’emprise. Le comblement très cendreux et charbonneux dans ce secteur, associé à des céramiques culinaires (coquemar, marmite) et de table (pichet, tasse), à des mortiers en pierre et à un creuset/godet à pigments, milite en faveur de la présence d’une activité liée au feu (fig. 3) : cuisine, ou four dont on sait qu’il peut constituer un bâtiment à lui seul dans certaines commanderies… Les hypothèses restent encore ouvertes et la poursuite de la fouille en 2022 devrait permettre d’abonder nos connaissances pour cette zone.
Les maçonneries sont en lien avec un niveau de travail constitué de petits blocs calcaire noyés dans un mortier ocre. Enfin, une couche semble sceller l’ensemble de l’emprise et a livré un abondant mobilier céramique (253 tessons au total) très homogène chronologiquement ; l’ensemble date de la seconde moitié du XIVe siècle. Ainsi, l’ensemble des structures retrouvées serait antérieur, peut-être en corrélation avec un programme architectural qui voit la construction de la chapelle, du corps de logis ouest et sans doute de l’aile sud, dans le premier quart du XIIIe siècle.
Un ancien bâtiment agricole des XVIIe-XVIIIe siècles a également été partiellement fouillé. Il s’appuie sur le mur de clôture antérieur et conserve des murs moins larges et d’une mise en œuvre moins soignée que les maçonneries médiévales. Ce bâtiment est encore présent sur le cadastre de 1836, on le voit en partie ruiné sur un croquis de Fichot datant du milieu du XIXe siècle. Les comptes rendus de visite de l’époque moderne nous renseignent sur sa destination : il sert d’écurie et de remise à carrosses pour le commandeur.
En 2022, la future campagne de fouille devrait permettre de poursuivre nos observations sur l’ouest de l’emprise décapée en 2021, ainsi que de mettre au jour une première partie de l’aile nord détruite qui reliait le corps de logis occidental à la chapelle.
Vincent Marchaisseau et Pierre Testard, Inrap Grand Est.
Illustrations
fig. 1 : Vue panoramique du secteur fouillé en 2021, au sud de la chapelle (Cliché Samuel Silvares, CD10)
fig. 2 : Plan général de la fouille 2021 (D. Duda, V. Marchaisseau, Inrap)
fig. 3 : Sélection de mobilier céramique de la seconde moitié du XIVe siècle et exemple de mortier en pierre (DAO Pierre Testard, clichés Pascale Verbrugghe, Inrap)