Restauration de l'Hôtel-Dieu-le-Comte (Troyes)
La fin du chantier marquée par la pose d'un vitrail contemporain de Fabienne Verdier
le Département de l’Aube, propriétaire de l’Hôtel-Dieu-le-Comte (Troyes) et maître d’ouvrage de la restauration de son aile ouest, fête la fin du chantier avec le dévoilement du vitrail de l’oculus de la chapelle, une création contemporaine de l’artiste peintre Fabienne Verdier, associée à la Manufacture Vincent-Petit de Troyes.
Après 33 mois de travaux, ce chantier de près de 16 millions d’euros financés par le Département de l’Aube, avec le soutien de la Ville de Troyes (1 million d’euros), a permis de redonner tout son éclat à l’aile ouest de l’hôtel-Dieu ainsi qu’à son jardin sud (2800 m²). 25 entreprises dont 14 auboises ont travaillé pour rendre son lustre à ce joyau architectural du XVIIIe siècle, un des rares conservés à Troyes.
Histoire d’un bâtiment séculaire à vocation hospitalière (XIIe-XXIe siècle)
- 1157 : fondation de la Maison-Dieu-Saint-Étienne par donation d’Henri Ier le Libéral (1127-1181), comte de Champagne. Jouxtant le palais comtal, l’hôtel-Dieu est administré par les religieux et religieuses de l’ordre de Saint-Augustin. Il aura pour vocation d’accueillir les pauvres et les indigents, les malades, les femmes en couche, puis les nouveau-nés abandonnés, les « incurables », et, par la suite, au XVIIIe siècle, les prisonniers de guerre, les soldats malades ou blessés.
- XIIIe au XVIIIe siècle : l’hôtel-Dieu connaît des modifications et des agrandissements successifs (en 1270, 1482, 1494 et 1631). Menacé de ruine, il est entièrement reconstruit au début du XVIIIe siècle sous l’impulsion de l’évêque Bouthillier de Chavigny, sur le même emplacement.
- 1702 à 1769 : les travaux s’échelonnent. Rebâti selon un plan en « U », entre une cour d’honneur et un jardin bénéficiant d’une déclivité de terrain, l’Hôtel-Dieu-le-Comte est l’un des rares édifices troyens conservé datant cette époque. Le nouveau bâtiment répond aux besoins de salubrité et d’ensoleillement : larges fenêtres, espaces de circulation aisés, grands volumes de pièces qui permettent une meilleure prise en charge des malades.
- 1762 : l’Hôtel-Dieu-le-Comte est doté d’une chapelle. Éclairée par de très grandes baies vitrées, la chapelle est entièrement re-décorée à partir de 1864-1866 avec des peintures murales, des boiseries, des éléments de mobilier et de luminaire, et des vitraux réalisés par l’atelier Erdmann et Kremer. Les vitraux de la nef et l’oculus de la façade sont en grande partie détruits pendant la Seconde Guerre mondiale. Seul est conservé intact le vitrail du fondateur dans le choeur, toujours en place et restauré en 2021.
- 1776 : la cour d’honneur de l’Hôtel-Dieu-le-Comte est magnifiée par l’ajout d’une grille en fer forgé partiellement dorée due au serrurier parisien Pierre Delphin. Cette grille est classée Monument historique en 1885.
- 1953 : l’hôpital de Troyes déménage en périphérie de la ville sur le site des Hauts-Clos. Jusqu’en 1988, l’hôtel-Dieu reste propriété de l’hôpital qui le transforme en hospice pour personnes âgées, transféré ensuite à la Résidence du comte Henri.
- 1964 : l’Hôtel-Dieu-le-Comte est classé Monument historique.
- 2 octobre 1990 : le Département de l’Aube rachète l’Hôtel-Dieu-le-Comte et, au fil d’opérations successives de restaurations intérieures et extérieures, le transforme en haut-lieu culturel, universitaire et touristique.
Aujourd’hui, l’édifice prestigieux qu’est l’Hôtel-Dieu-le-Comte abrite :
- Le campus des Comtes-de-Champagne – antenne de l’Université de Reims Champagne-Ardenne ;
- Trois salles d’expositions temporaires situées dans l’aile sud d’une superficie totale de 350 m2 et gérées par le Département de l’Aube ;
- L’Apothicairerie, dont les riches collections sont gérées par la Ville de Troyes. Son accueil est aujourd’hui mutualisé avec celui de la Cité du Vitrail ;
- La Cité du Vitrail, un site culturel du Département de l’Aube, direction des Archives et du patrimoine.
L'oculus de la chapelle
Dans la chapelle, l’oculus de la façade sud est aujourd’hui habillé d’un vitrail, création de Fabienne Verdier, artiste peintre de renommée internationale, associée à la Manufacture Vincent-Petit (Troyes). Avec modernité et sobriété, cette œuvre abstraite en grisaille et jaune d’argent rend hommage aux techniques du vitrail au XVIe siècle dans l’Aube et entre en résonance avec les grisailles peintes en trompe-l’œil sur les murs de la chapelle. La création est un don des artistes ; seuls les frais techniques ont été pris en charge par le Département de l’Aube.
Fabienne Verdier envisage cette création comme une œuvre en mouvement et en constante transformation. L’artiste transpose ici sa technique picturale inspirée de la calligraphie et de la philosophie asiatique qu’elle a étudiées pendant dix ans en Chine. Dans un geste vertical sur les verres posés au sol, Fabienne Verdier manie un large pinceau doté d’un guidon de conduite laissant l’énergie et la puissance de la peinture agir avec spontanéité avant sa vitrification. Pour Fabienne Verdier, cette œuvre est « un vortex qui pourrait aussi être comme une échelle accrochée aux étoiles pour nous inciter à méditer sur l’énergie des ondes lumineuses, au cœur même du projet de Cité du Vitrail », dont l’ouverture se fera au printemps 2022.