Conférence de Maria Deraismes

La femme et le progrès, 30 mai 1880 à Troyes

Sous la IIIe République, le féminisme et la lutte pour le droit des femmes trouvent un nouvel essor. D’abord ténu, ce mouvement prend de l’ampleur à la fin des années 1870, dans un contexte politique marqué par le basculement d’un gouvernement monarchiste vers un gouvernement républicain plus affirmé, progressiste et libéral.

Cette évolution politique, associée au rétablissement des libertés de la presse et des réunions publiques depuis 1868 et à la création de la Ligue de l’Enseignement peu de temps avant, permet le développement de divers cercles et comités d’opinions. D’apparence neutre en religion et apolitique, ce genre de comité pouvait également cacher un comité politique dont les actions dans le domaine de l’éducation favorisent la diffusion de principes reposant en partie sur la laïcité, l’instruction publique gratuite généralisée pour les filles et les garçons, ainsi que sur des revendications socialistes propices aux idées féministes.

Ce fut notamment le cas du Sou des Ecoles laïques, dont l’activité principale est de récolter des dons permettant l’acquisition de matériel destiné aux écoliers et aux enseignants mais également de subventionner des conférences aux thématiques bien spécifiques. Depuis sa fondation le 8 juillet 1878, le comité troyen du Sou des Ecoles laïques se conforme à ce fonctionnement. Lors de sa première année d’activité, ce comité a pu ainsi recueillir grâce aux troncs laissés dans les écoles laïques, la somme de 3 789,55 francs, lui permettant notamment de financer l’achat de sabots, de chaussons et de livres au profit des enfants des écoles laïques mais également d’organiser des conférences. Après la venue de Jean Macé, c’est Maria Deraismes qui est invitée à présenter son exposé sur le thème de la femme et le progrès.

1 FiT 872 : Affiche annonçant la conférence présentée par Maria Deraismes sur la femme et le progrès.
1 FiT 872 : Affiche annonçant la conférence présentée par Maria Deraismes sur la femme et le progrès.

Excellente oratrice, cette écrivaine, journaliste et conférencière est considérée comme la première philosophe féministe. Issue d’un milieu aisé et bourgeois, Marie Adélaïde Deraismes, plus connue sous le prénom de Maria, a reçu une éducation très complète et plus étoffée que la plupart des jeunes filles de son époque. Très jeune, elle est appelée à donner des conférences pour exprimer ses idées sur le rôle de la femme et à fréquenter des milieux aux convictions progressistes.

Venue de Paris pour présenter sa conférence, elle devait être accompagnée, à l’origine, par le député Germain Casse dont les propos devaient porter sur l’instruction dans une démocratie.

En ce dimanche après-midi du 30 mai 1880, à Troyes, le public avait ainsi la possibilité, au prix de 60 centimes l’entrée, d’assister non seulement à ces deux conférences mais également de profiter d’un concert animé par deux groupes de musique. À la fin de la journée, un banquet à l’hôtel du Mulet était organisé en supplément.

1145 PL 1 : Chronique du Journal de l’Aube 1er juin 1880 (Extrait)
1145 PL 1 : Chronique du Journal de l’Aube 1er juin 1880 (Extrait)

Germain Casse étant absent, c’est à Maria Deraismes qu’il incombe de s’adresser seule à cet auditoire principalement féminin, rassemblé dans la salle du Cirque.

Connue pour son combat concernant l’instruction des femmes et pour ses prises de positions sur les inégalités des droits économiques et civiques entre les hommes et les femmes, elle s’est exprimée sur le rôle de la femme, ses droits ainsi que ceux qui lui restent à obtenir.

114 PL 8 : Chronique locale du journal l’Avenir républicain 1er juin 1880 (Extrait)
114 PL 8 : Chronique locale du journal l’Avenir républicain 1er juin 1880 (Extrait)

Elle appuie notamment ses démonstrations sur le fait que la place de la femme, jugée inférieure à celle de l’homme tant par sa nature que par son statut social, est induite par le fonctionnement même de la société profondément masculine qui réduit l’espace de la femme, plutôt que par sa condition intrinsèquement féminine.

Tout au long de sa vie, elle a tenté d’organiser la prise de parole de femmes à travers la création et la mise en place d’associations, de journaux et de manifestations, telles que le premier banquet féministe et le Congrès féministe international.

Anne-Lise Drège

Mars 2024

Pour aller plus loin

Cote : 1 FiT 872

Titre : Conférence du Comité troyen du sou des écoles laïques.

Date : 30 mai 1880

Description : Affiche annonçant la conférence présentée par Maria Deraismes sur la femme et le progrès.

Pour en savoir plus :

RIPA Yannick, Histoire féminine de la France. De la Révolution à la loi Veil, Editions Belin, 2020 765 p. – Cote : BP 4546 

Article sur DERAISMES Maria, Maitron : notice DERAISMES Maria par Odile Krakovitch, version mise en ligne le 18 février 2009, dernière modification le 3 octobre 2021.

  • Cote : 1145 PL 1

Titre : Chronique du Journal de l’Aube

Date : 1er juin 1880

Description : Extrait de la rubrique « Chronique locale », à la 2ème page du Journal de l’Aube mentionnant Maria Deraismes venue présenter sa conférence sur les femmes et leur rôle.

Pour en savoir plus :

Article consultable depuis le site internet des Archives départementales de l’Aube à la page suivante :

Le Journal de l'Aube - 1er juin 1880 

  • Cote : 114 PL 8

Titre : Chronique locale du journal l’Avenir républicain

Date : 1er juin 1880

Description : Extrait de la rubrique « Chronique locale », à la 2ème page de L’Avenir républicain présentant brièvement le contenu et l’ambiance de la conférence de Maria Deraismes.

Pour en savoir plus :

Article consultable depuis le site internet des Archives départementales de l’Aube à la page suivante :

L'Avenir républicain - 1er juin 1880 

Retrouvez l'affiche pour la Conférence de Maria Deraismes dans le fonds numérisé Affiches de la ville de Troyes présent dans la rubrique Recherches > Documents numérisés > Images de l'Aube.

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